D’abord la polysomnographie, maintenant la polygraphie ventilatoire. Que de mots obscurs pour désigner des examens médicaux, totalement sans danger, qui pourraient bien vous changer la vie, et surtout changer vos nuits. Si les bras de Morphée ne vous offrent pas toujours le repos espéré, tournez-vous du côté de votre respiration : elle vous bloque peut-être la voie vers un sommeil réparateur.
Au commencement était le sommeil…
Nous en avons déjà parlé ici et là, mais un petit rappel ne fait jamais de mal à personne. Le sommeil se compose de plusieurs cycles, généralement trois à six, de 60 à 120 minutes en moyenne. On distingue deux grandes étapes :
- Le sommeil lent, durant lequel notre activité cérébrale ralentit fortement
- Le sommeil paradoxal, durant lequel nos rêves sont les plus intenses
L’alternance, la quantité et la qualité de ces deux cycles assurent un sommeil réparateur, essentiel à notre santé et notre bien-être. Il existe cependant certains troubles du sommeil qui viennent perturber toute cette belle mécanique.
… puis vinrent les troubles du sommeil
Il existe de nombreux troubles du sommeil, diagnosticables pour certains par la polysomnographie. On retrouve par exemple :
- Les insomnies
- Les troubles du rythme circadien
- Les parasomnies
- Le syndrome des jambes sans repos
- La fatigue chronique
- L’hypersomnie
Mais d’autres pathologies peuvent être découvertes via des examens moins invasifs. C’est le cas de l’apnée du sommeil, de son nom complet Syndrome d’Apnées-Hypopnées Obstructives du Sommeil (SAHOS).
Le SAHOS se caractérise par l’alternance d’apnées et d’hypopnées, soit respectivement :
- Une pause complète de la respiration pendant 10 secondes ou plus
- Une pause partielle de la respiration pendant 10 secondes plus, ainsi qu’une diminution du taux d’oxygène dans le sang
D’où viennent ces deux symptômes ? D’un rétrécissement des voies aériennes lorsque les muscles de la gorge se relâchent. Cela a pour conséquence de diminuer voire d’empêcher toute entrée et sortie d’air lors de la respiration.
Vous pensez souffrir d’apnée du sommeil mais vous n’en êtes pas sûr ? Voici quelques signes qui peuvent vous amener à consulter un médecin :
- Vous ne vous sentez pas reposé alors que vous dormez
- Vous souffrez de migraines
- L’énergie vous manque
- Des sautes d’humeur viennent gâcher vos journées
- Vous vous sentez somnolent
- Vous avez l’impression de vous étouffer pendant la nuit
Si vous vous reconnaissez dans la liste de ces symptômes, ou si votre moitié n’en peut plus de vous entendre ronfler, votre médecin peut vous prescrire une polygraphie ventilatoire. Pas de panique, le nom est plus impressionnant que l’examen en lui-même ! Et n’hésitez pas à consulter : non traitée, l’apnée du sommeil est un facteur de risque cardiovasculaire, vous pourriez donc vous « créer » d’autres problèmes de santé, bien plus importants. De plus, si vous souffrez d’hypertension artérielle, le SAHOS peut rendre inefficace votre traitement. Il est donc dans votre intérêt de prêter attention à vos symptômes, mais aussi à ce que peut dire votre partenaire à propos de votre façon de dormir.
La polygraphie ventilatoire : mode d’emploi
Que mesure-t-on ?
La polygraphie ventilatoire est un examen qui consiste à enregistrer la respiration durant le sommeil ; vous comprendrez aisément que cela se prête bien au dépistage de l’apnée. Contrairement à sa grande sœur la polysomnographie, la polygraphie se réalise à domicile, dans le confort de votre lit habituel. Nul besoin, donc, d’aller passer une nuit dans l’environnement hostile d’un hôpital. En effet, votre médecin cherche à comprendre la façon dont vous dormez, et cela inclue votre environnement. Il va donc mesurer :
- La lumière ambiante
- L’intensité sonore de vos ronflements
- La position de votre corps
- Les débits respiratoires, à l’inspiration et à l’expiration
- Les efforts respiratoires
- Votre fréquence cardiaque
- La saturation en oxygène (SaO2), c’est-à-dire le taux d’oxygène dans le sang
- Le temps de transit du pouls, c’est-à-dire le temps que met une pulsation cardiaque pour se répercuter au niveau du pouls, par exemple à l’extrémité d’un doigt
Le matériel de la polygraphie ventilatoire
Pour ce faire, on utilise un ensemble de capteurs :
- Des cellules photoélectriques
- Un capteur de son
- Un capteur de position
- Des lunettes nasales (une sorte de cordon qui mesure l’air entrant et sortant au niveau des narines)
- Des capteurs de pression placés sur le sternum
- Une sangle placée sur l’abdomen, une autre placée sur la poitrine
- Un oxymètre (une petite pince indolore que l’on place au bout d’un doigt et qui mesure le taux d’oxygène dans le sang)
- Un capteur qui servira à recueillir votre fréquence cardiaque et le temps de transit du pouls
Et après ?
Tout cet appareillage a pour but de mesurer votre respiration et d’évaluer le nombre d’apnées et d’hypopnées dont vous souffrez durant la nuit. L’intensité de votre SAHOS est jaugé à partir d’un score, l’index IAH (pour Index d’Apnée-Hypopnée) :
- Si l’IAH est inférieur à 5 apnées et hypopnées par heure, on considère que vous ne souffrez pas d’apnée du sommeil
- De 5 à 15/heure, vous souffrez d’un syndrome léger
- De 15 à 30/heure, il s’agit d’un syndrome modéré
- Au-delà de 30, votre état est jugé sévère
La polygraphie ventilatoire a-t-elle des limites ?
Malheureusement, oui. Il serait trop simple qu’un examen réalisable à domicile, où l’on vous demande de vous glisser sous la couette et de dormir comme si de rien n’était (ou presque), soit totalement parfait. La principale limite de la polygraphie réside dans la fragmentation du sommeil : si vous vous réveillez plusieurs fois durant la nuit, il devient extrêmement difficile de mesurer correctement votre respiration. Si la polygraphie s’avère insuffisante, ou que votre médecin suspecte d’autres pathologies non décelables par cet examen, vous devrez peut-être réaliser une polysomnographie, plus complète. Cette dernière peut aussi dans certains cas se réaliser chez vous, mais selon votre situation, vous devrez peut-être passer une nuit dans un laboratoire du sommeil.
Notez également que certaines substances comme l’alcool peuvent altérer votre sommeil et donc l’examen. En revanche, si vous suivez d’ordinaire un traitement, somnifères compris, vous devez le prendre selon votre prescription habituelle : le but de la polygraphie ventilatoire reste d’évaluer votre sommeil quotidien, et non une nuit « artificialisée ».