Vous avez sans doute déjà vu une démonstration d’hypnose lors d’un spectacle ou au détour d’une suggestion YouTube. Vous ne savez pas exactement ce qui relève du tour de magie, de la manipulation ou du réel, mais ce que vous ne saviez peut-être pas non plus, c’est que l’hypnose est une véritable technique employée en psychologie et en médecine. On l’utilise parfois lors d’opérations chirurgicales en guise d’anesthésie, mais aussi, et c’est ce dont nous allons parler ici, lors de consultations thérapeutiques avec la méthode de l’hypnose ericksonienne. Anxiété, phobies, addictions… peut-être souffrez-vous de l’un de ces troubles ou vivez-vous une période compliquée de votre vie, et un peu d’aide serait la bienvenue. L’hypnose ericksonienne pourrait bien être la solution d’accompagnement dont vous avez besoin, et en découvrir le fonctionnement avec nous vous aidera peut-être à franchir le pas. Mais tout d’abord, un peu d’histoire.
Milton Erickson
Le guérisseur blessé
Au XX° siècle, un psychologue et psychiatre américain va révolutionner la pratique de l’hypnose. Né en 1901 dans le Nevada et mort en 1980 en Arizona, Milton Erickson invente une nouvelle technique d’hypnose qui portera désormais son nom : l’hypnose ericksonienne. Atteint par la poliomyélite à 17 ans, Erickson souffre de paralysie provoquée par la maladie, ce qui modifie considérablement son rapport avec son environnement, et constitue le point de départ de ses recherches sur l’hypnose. Il devient le propre sujet de ses expérimentations puis établit sa méthode en parallèle de ses études de médecine, allant à l’encontre de certains dogmes institutionnels.
Hypnose « verticale » vs hypnose ericksonienne
Erickson prend notamment le contrepied de la pratique conventionnelle de l’hypnose telle qu’elle était pratiquée avant lui : basée sur une relation d’autorité entre le thérapeute et le patient, l’hypnose consistait alors en des suggestions directes, comme autant de propositions de solutions, laissant le patient dans une position de passivité. Si cette méthode a pu se montrer efficace dans certaines situations, d’autres troubles nécessitent une posture plus dynamique de la part du sujet, aussi bien pour accéder aux causes possibles de ses difficultés que pour trouver des solutions permettant de les résoudre. L’hypnose ericksonienne s’appuie précisément sur le rôle actif du patient : c’est lui qui possède les ressources qui lui permettront de résoudre ses troubles, le thérapeute se retrouvant dans une posture d’accompagnement plutôt que d’autorité. Il s’agit donc de trouver et d’utiliser ses compétences et possibilités d’adaptation propres plutôt que de rechercher la solution à l’extérieur de soi.
Les principes de l’hypnose ericksonienne
L’état hypnotique
Pour Erickson, l’état d’hypnose, ou transe hypnotique, est un état physiologique naturel, que chacun peut expérimenter au quotidien lorsque l’on se perd dans ses pensées, que l’on est « dans la lune » par exemple. Cet état de conscience particulier, entre la veille et le sommeil, est à la base de l’hypnose ericksonienne : l’hypnothérapteute va s’en servir de moyen de communication avec son patient, d’abord en le provoquant, puis en l’amplifiant.
Amplifier l’état d’hypnose
Une fois le patient en état d’hypnose, le praticien va employer divers moyens afin d’amplifier cet état, tels que :
- Des suggestions directes
- Des suggestions indirectes
- Un langage descriptif
- Des pauses
- Des silences
- Certains accents
- Un langage métaphorique
- Des formulations diminuant la pression
- Des formulations renforçant l’attitude positive
Contrairement aux pratiques rencontrées en psychanalyse, l’hypnose ericksonienne ne vise pas à chercher ou donner du sens au symptôme : l’objectif est d’amener le patient à contourner ses résistances. On cherche à se rendre compte de l’existence de ce symptôme, de la façon dont celui-ci s’exprime et de ses limites. Pour Erickson, l’inconscient est surtout une métaphore qui se rapproche de la vision qu’en avaient les psychologues comportementalistes comme John Watson : il n’est pas nécessaire de savoir comment cela fonctionne réellement, pour que cela fonctionne.
Accéder à ses ressources intérieures
L’idée principale de l’hypnose ericksonienne repose sur le rôle actif du patient : l’état hypnotique ne sert donc pas à une prescription du thérapeute, mais bien à ce que ce dernier aide le sujet à accéder à ses ressources intérieures. Comme l’affirme l’Institut Français d’Hypnose, « l’hypnose n’atteint vraiment complètement son objectif que lorsqu’elle sert à la mise en place d’un changement qui vient du patient lui-même. ». Pour ce faire, on mobilise par le langage la mémoire et l’inconscient afin de mettre en place une véritable méthode de changement qui permettra d’agir sur les symptômes et les troubles rencontrés par le patient. Par exemple, pour des problèmes de confiance en soi, on cherchera à affirmer ses besoins, ses opinions, ou encore à montrer que l’on est capable d’acquérir de nouvelles compétences. L’essentiel est de parvenir à mettre en place ce « lâcher prise » afin de vaincre ses résistances et de créer une dynamique positive. En ce sens, l’hypnose ericksonienne possède des points communs avec la méditation de pleine conscience.
Sur quels troubles travaille-t-on ?
De l’anxiété au traumatisme
A l’exception des psychoses, l’hypnose ericksonienne permet la prise en charge de nombreux troubles psychologiques ainsi qu’un réel travail sur la confiance en soi. Les premiers motifs de consultation mentionnés par Rémi Côté, psychologue hypnothérapeute canadien, sont les états dépressifs et l’anxiété, mais on retrouve également :
- Les phobies
- Les traumatismes
- Les Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC)
- Les addictions
- Les Troubles des Conduites Alimentaires (TCA)
- L’hypersensibilité
- Les maladies psychosomatiques
- Les troubles du sommeil
- Les troubles de la sexualité
- La timidité
Accompagner dans les moments difficiles
Au-delà des troubles, l’hypnose ericksonienne propose un réel accompagnement des patients lors de périodes délicates, comme :
- Un divorce
- La préparation de concours ou d’examens
- Un changement de carrière professionnelle
- L’arrêt du tabac
Instant de vie difficile ou anxiété plus ancrée, l’hypnose ericksonienne vous accompagnera afin que vous retrouviez confiance en vous et que le bien-être (re)fasse partie intégrante de votre vie.
Comment se déroule une séance d’hypnose ?
Combien de séances ?
Vous vous êtes reconnu dans l’une des situations habituellement prises en charge par l’hypnose et vous souhaitez franchir le pas, mais vous aimeriez savoir comment cela va se dérouler. Tout d’abord, sachez que l’hypnose ericksonienne implique un travail sur plusieurs séances, généralement de trois à dix, ce qui en fait une thérapie relativement courte comparativement aux psychothérapies traditionnelles. Pas une solution miracle, mais un suivi court qui fera peut-être se décider les plus réfractaires aux longues prises en charge.
Déroulé d’une séance d’hypnose ericksonienne
Une séance d’hypnose ericksonienne dure environ une heure et commence par une discussion avec l’hypnothérapeute afin de déterminer l’objectif du jour. La séance se déroule ensuite en trois grandes étapes : une phase de relaxation, un état d’hyperconcentration et la suggestion d’éveil.
1. La phase de relaxation (ou d’induction) : l’hypnothérapeute cherche à vous amener dans un état de relaxation physique et mentale afin de préparer le passage en transe. Il peut s’agir d’un réel moment de détente, mais aussi d’un rappel à certains souvenirs d’enfance afin de mobiliser certaines ressources qui seront utiles à la suite de la séance. L’Institut Français d’Hypnose donne l’exemple d’un thérapeute amenant sa patiente en état d’hypnose en lui demandant de se remémorer le tableau noir d’une salle de classe et l’apprentissage de la lecture. Cette étape permet à la patiente de se remémorer sa capacité d’apprentissage, et donc sa capacité à apprendre de nouveaux comportements nécessaires à sa thérapie.
2. L’état d’hyperconcentration : vous êtes maintenant dans ce qu’Erickson nomme « un état modifié de conscience », entre la veille et le sommeil. Vous ne dormez pas ni n’avez perdu conscience, vous entendez ce que le thérapeute vous dit, vous êtes dans un état d’hyperconscience, comme si vous étiez captivé. Cet état d’hypnose permet au thérapeute de vous guider vers la poursuite de l’objectif que vous avez défini avec lui en début de séance. Par l’emploi de métaphores, de suggestions directes ou indirectes d’images, d’histoires, des variations de ton et de rythme, le thérapeute va chercher à abaisser ou contourner vos résistances afin que vous ayez accès aux ressources nécessaires à la résolution de vos difficultés. Durant tout ce processus, l’hypnothérapeute est un réel soutien et non un prescripteur : le travail vient de vous, de vos propres ressources intérieures que l’on vous aide à mobiliser.
3. La suggestion d’éveil : le thérapeute vous accompagne enfin jusqu’à l’éveil, afin de sortir progressivement et doucement de l’état hypnotique. Une fois « revenu » à vous, un temps est consacré aux retours sur la séance, aux questions et à la préparation de la prochaine séance.
Et après ?
Certains hypnothérapeutes demandent à leurs patients de pratiquer des exercices entre les séances, comme un travail d’auto observation, des lectures, des questionnaires… afin de poursuivre les changements initiés durant la transe hypnotique. Outre les séances d’hypnose à proprement parler, le thérapeute pourra également vous apprendre en fin de prise en charge à pratiquer l’autohypnose afin de vous permettre de gérer en autonomie les futurs moments difficiles.
Quelques questions sur l’hypnose ericksonienne
L’hypnose ericksonienne est-elle adaptée aux enfants ?
L’hypnose ericksonienne peut être pratiquée avec les enfants, certains thérapeutes proposant des séances adaptées à partir de 7 ans. L’enfant est tout d’abord reçu avec ses parents, puis les séances d’hypnose se déroulent seulement avec l’enfant. Des activités ludiques, comme des coloriages ou de la musique, sont proposées afin de l’accompagner au mieux. L’anxiété, les troubles du sommeil, de l’apprentissage, les phobies.. sont autant de difficultés pouvant mener à consulter un hypnothérapeute.
A-t-on déjà observé scientifiquement l’état d’hypnose ?
Milton Erickson ne décrit jamais les mécanismes physiologiques de la transe hypnotique, il se concentre sur les effets de cette transe qui permettent d’apporter du soulagement et du bien-être. Cependant, les techniques d’imagerie médicale ont ces dernières années permis de visualiser les fonctions neuronatomiques en action lors de l’état hypnotique. On a également pu observer que cet état provoque l’activation du système parasympathique, qui réduit la fréquence cardiaque, la fréquence respiratoire et les fonctions organiques dans l’objectif d’économiser de l’énergie.
L’hypnose ericksonienne est-elle adaptée à tous les troubles ?
En dehors des psychoses, l’hypnose ericksonienne s’adapte à un très grand nombre de difficultés que l’on peut rencontrer durant sa vie, y compris les événements traumatiques. L’alliance thérapeutique formée avec votre hypnothérapeute sera au cœur de votre parcours visant à la relaxation, au bien-être et au retour de votre confiance en soi. Mais n’oubliez pas que le thérapeute est là pour vous accompagner : le travail vient de vous et de vos ressources intérieures.
L’hypnose ericksonienne est-elle une thérapie médicale ?
L’hypnose ericksonienne n’est pas une thérapie médicale, il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’être médecin pour la pratiquer (une certification théorique et pratique est tout de même fortement recommandée). Elle ne peut se substituer à des traitements médicaux ou des soins psychologiques voire psychiatriques. Il s’agit d’une démarche d’accompagnement, complémentaire d’autres prises en charge si besoin, qui se co-construit entre le patient et le thérapeute. L’hypnose ericksonienne vise à accroître la confiance en soi et à provoquer des changements de comportements positifs partant de votre propre dynamique : vous êtes au centre du processus.