Dans la famille de l’hypnose, je demande l’hypnose elmanienne. Plus proche de l’hypnose-spectacle dans sa pratique que sa cousine l’hypnose ericksonienne, elle n’en est pas moins redoutablement efficace dans la gestion de la douleur physique, à tel point que médecins et dentistes l’emploient volontiers quand les moyens médicaux traditionnels ne suffisent plus. Et si jamais vous doutez de son efficacité à vous faire atteindre un état de transe, dites-vous que vous mettrez probablement plus de temps à lire cet article que Dave Elman n’en aurait eu besoin pour vous hypnotiser.
Musique, radio et hypnose : Dave Elman, ou le touche-à-tout
Dave Elman, de son vrai nom David Kopelman, naît en 1900 aux États-Unis. Il commence sa carrière comme musicien, jouant du
violon et du saxophone. Seul ou en compagnie d’autres artistes, il rencontre un certain succès, jusqu’à se voir proposer un poste dans une radio new-yorkaise en 1928. Il intègre ensuite la radio CBS, au sein de laquelle il dirige, produit et écrit des émissions, dont les siennes. Mais c’est en 1937 que Dave Elman connaît réellement le succès à la radio avec son émission Hobby Lobby, à tel point que même la Fisrt Lady de l’époque, Eleanor Roosevelt, accepte d’y participer.
Mais si Dave Elman est passé à la postérité, ce n’est ni pour son talent de musicien, ni pour son succès sur les ondes. Petit retour en arrière.
David a 8 ans. Son père, Jacob Kopelman, souffre d’un cancer en phase terminale. Afin de soulager ses douleurs, il fait appel à un hypnotiseur, avec succès. Jacob décède en novembre 1908.
Cet épisode d’hypnose produit une très forte impression sur le petit David qui, désireux d’en savoir plus, cherche à en apprendre le plus possible sur cette technique. Il entrevoit rapidement l’étendue des possibilités de l’hypnose en matière de gestion de la douleur, notamment là où les protocoles médicaux habituels ne peuvent intervenir.
Ce n’est qu’en 1949 que Dave Elman acquiert réellement sa renommée d’hypnotiseur. Jusqu’en 1962, il traverse l’Amérique afin d’enseigner à des médecins et des dentistes sa technique d’hypnose, utile dans le soulagement de la douleur et l’anesthésie. En 1964, Elman publie un ouvrage reprenant ses découvertes sur l’hypnose, intitulé Findings in Hypnosis.
Les techniques de l’hypnose elmanienne
Le facteur critique
Le but de l’hypnose elmanienne est de « relier le conscient et l’inconscient par un contournement du facteur critique ». Qu’est-ce que le facteur critique, me diriez-vous ? C’est une sorte de protection mise en place par le subconscient, qui se développe dans l’enfance (généralement entre 5 et 12 ans). C’est un filtre qui bloque les idées, les données, les suggestions… inacceptables ou invraisemblables. Par exemple, si vous vous dites que vous pouvez respirer sous l’eau, le facteur critique intervient et vous fait prendre conscience que non, vous n’êtes pas équipé de branchies. L’idée de Dave Elman est donc de contourner ce facteur critique par l’hypnose afin de rendre le patient ultra réceptif, jusqu’à entrer en transe.
La méthode de l’hypnose elmanienne
L’hypnose elmanienne ne peut se pratiquer sans un certain relâchement de la part du patient, c’est pourquoi la toute première étape de la séance consiste à chercher cet état de relaxation ; la seconde, quant à elle, vise à atteindre un niveau de relaxation encore plus important.
Pour parvenir à cette transe, Elman emploie des techniques d’induction rapide. Cette méthode permet de parvenir à l’état de transe en moins de 4 minutes, ce qui constitue son principal atout. Mais pas de méprise : ce n’est pas parce que l’on parvient rapidement à l’état de transe que celle-ci sera moins profonde, bien au contraire ! En effet l’hypnose elmanienne conduit à des états presque somnambuliques, ce qui explique son emploi dans l’anesthésie.
Mais comment produit-on cette induction ? En ayant recours à l’imagination, ce qui va permettre de contourner le facteur critique. Par exemple, si l’on emploie une formule comme « faites comme si » ou « imaginez que », cela désactive automatiquement le facteur critique : peu importe que l’idée soit vraisemblable, puisque l’on nous demande seulement de l’imaginer, pas de la réaliser. Un second levier concerne les émotions et les souvenirs : on parle alors de focus internes.
Au centre de l’hypnose elmanienne : la relation patient / thérapeute
La relation patient / hypnotiseur est essentielle dans la pratique de l’hypnose elmanienne. En effet, cette dernière repose sur deux concepts absolument fondamentaux :
- Le fait que le patient doive reconnaître une « autorité » au thérapeute, au sens où ses indications sont à la fois justes, acceptables, et dans l’intérêt du patient. Cela permet à ce dernier d’accepter le changement provoqué par la séance d’hypnose, et donc d’accentuer le processus de guérison ou de soulagement.
- Quant à l’hypnothérapeute, il doit apporter la preuve à son patient qu’il est bel et bien hypnotisé : en ayant ainsi une preuve que le processus fonctionne, le patient est alors plus confiante dans la méthode et dans les résultats.
Sur la bases de ces deux concepts, on considère que dans la cadre de l’hypnose elmanienne, le travail est effectué pour moitié par le patient, et pour moitié par le thérapeute. Une bonne alliance thérapeutique est donc indispensable. A noter que dans le cadre d’une thérapie, une séance dure généralement une heure, et qu’il faut compter a minima trois sessions pour que les résultats soit réellement parlants.