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ENTRETIEN – Yannick Huet : « Je vends du rêve depuis 40 ans »

Quel meilleur rêve éveillé qu’un petit tour de magie ? En termes d’interventions « surnaturelles » sur le monde matériel, la pratique se pose comme la discipline la plus spectaculaire et plébiscitée. Finies les pendaisons pour mensonge, immoralité et vénération du Diable : la magie, c’est désormais l’art d’émerveiller ! Et encore heureux : on se désolerait de voir envoyés au bûcher des maîtres en la matière comme Yannick Magic – alias Yannick Huet – et leur maîtrise forte d’une quarantaine année de pratique.

On se désolerait d’autant plus de voir réduit au silence son engagement sans faille en faveur de la liberté des arts et de leur pratique sans contrainte. Un combat d’autant plus important que la location de salles à Paris plafonne à des tarifs de plus en plus prohibitifs… S’il peut arriver à Yannick de charbonner avant de représenter ses spectacles, exercer sa passion n’a jamais constitué une difficulté. Laissons parler le fruit de sa longue expérience.

Presque 40 ans à pratiquer la magie, ça vous en fait de l’expérience ! Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer là-dedans ?

photo Yannick HuetJ’ai eu le déclic quand j’avais huit ans : je regardais « La piste aux étoiles » à la télévision avec Roger Lanzac. Et depuis, tout s’est accéléré. C’est devenu comme mon hobby. Mes parents ont vu que j’étais passionné tout petit déjà et m’ont offert plusieurs coffrets de magie, et des livres sur lesquels j’ai progressé à partir de 14 ans. Je me suis véritablement entraîné à partir de cet âge-là. 

Je suis arrivé à paris quand j’avais 18 ans et j’y ai fait l’école de la rue. C’est pour moi la meilleure des écoles qui soient. J’ai commencé à faire des tours à Beaubourg – à côté du centre Pompidou –, là où se trouvait Monsieur Tout-le-Monde. À savoir tous les passants : les voyous, les représentants, des artistes incognitos… J’y ai rencontré l’un d’entre eux qui étais déjà célèbre à l’époque et qui l’est encore aujourd’hui : Bernard Bilis, qui a fait le « Plus grand cabaret du monde » pendant 20 ans. Il m’a permis de jouer à mon premier cabaret au Tribulum, chez Jean-Paul Favand. actuellement président des arts forains. J’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs artistes célèbres qui m’ont fait travailler pour eux, leur famille ; ils m’ont dirigé vers d’autres horizons et j’ai commencé à voyager, à vivre de mon métier, ma passion. Un métier ça s’arrête un jour, une passion jamais. Nous connaissons tous la finalité.

C’est vrai : après tout, le talent c’est 10 % de talent et 90 % de travail…

Oui, c’est énorme. Je n’arrête pas de le dire dans toutes les émissions où j’interviens : c’est surtout du travail, encore et encore. Plus on s’entraîne, meilleur on est, ça s’est sûr et certain. Mais dans les tours de magie en particulier, il faut aussi une bonne histoire. J’ai plusieurs exemples. Pour deux magiciens qui font le même tour, si l’un d’entre eux a une bonne histoire et l’autre non, ce sera le premier qui triomphera. Je réalise souvent le tour des « As gangsters » (résumé : les quatre as, dispersés d’un bout à l’autre du paquet de cartes de départ, retrouvés les uns à la suite des autres, ndlr), et sans la merveilleuse histoire que je raconte, ce serait un tour parmi tant d’autres. Ça emporte encore plus les spectateurs dans une sorte de rêve éveillé, et c’est ça que j’admire dans la magie : qu’elle émerveille les gens, qu’elle leur rende leur regard d’enfant. Il n’y a pas d’âge : c’est de 7 à 77 ans, comme les trains électriques.

Est-ce circonstanciel ? Observez-vous le même comportement, les mêmes réactions chez les spectateurs en salle comme à l’école de la rue ?

Absolument ! De la scène de toute manière, j’en faisais un peu quand j’étais plus jeune mais depuis quelques décennies je me consacre au close-up, au table-en-table, à la magie interactive : je fais participer les spectateurs à mes tours de magie, et comme j’ai de l’humour je les fais rire aussi, je les amuse. Il y a un double effet qui se coule, comme dirait l’autre : l’émerveillement de mes tours – je manipule la matière, je défie la gravité, je lis dans les pensées avec le mentalisme – satisfait quasiment toujours le public. Je raconte souvent cette histoire, quand je travaillais au Tribulum en 1982 : après mon spectacle, un couple de personnes âgées est venu me voir pour me dire : « Vous savez Monsieur… Nous sommes malades. Mais grâce à vous, nous avons réussi à l’oublier. Rien que pour ça, vous êtes un grand magicien. » Cette reconnaissance, c’est ce dont on peut rêver de meilleur.

Avez-vous arrêté de faire de la scène pour une raison particulière ? La magie professionnelle aurait-elle évolué dans le mauvais sens depuis que vous avez commencé à l’exercer ?

La scène, en fait, c’est pour les grandes illusions. La technologie existe partout, dans tous les domaines, même dans l’illusionnisme. C’est pour ça que beaucoup de choses ont progressé. Mais moi, je préfère le naturel : dans la manipulation de cartes ou de pièces, il n’y a pas de trucages – pas pour ma part en tout cas. Je suis largement plus émerveillé par les bons tours de cartes, de ficelle, de cigarette éteinte ou allumée… En ce qui me concerne, je suis un véritable manipulateur et j’apprécie les confrères qui font de grandes manipulations. J’admire les illusionnistes, je n’ai rien contre eux, c’est juste que je préfère le close-up, de plus près, à même sous les yeux. 

Comme distinguez-vous magie, illusionnisme et prestidigitation ?

échantillon magique

Image de goonerua sur Freepik

Comme j’en ai déjà parlé : l’illusionnisme c’est la scène, c’est ce qui se fait avec des jolies partenaires suffisamment déshabillées, une musique entraînante, un bon jeu de lumières, et avec de gros objets. La femme coupée en trois, la lévitation, ça ne peut pas se faire n’importe où. De toute façon, la magie c’est vaste, ça ne veut rien dire ; il faut savoir l’adapter. Il y a la magie blanche, la magie grise, rose et noire qui est totalement maléfique. La prestidigitation, c’est moi : presti-digi, ça veut dire « doigts habiles ». Pour la maîtriser, il faut être un bon manipulateur. Non seulement avec les objets, mais aussi avec la psyché des spectateurs. Elle se fait surtout avec des micro-objets comme les pièces, les balles ou ce que vous voulez. L’illusionnisme se fait avec des objets de grande dimension, à au moins une dizaine de mètres des spectateurs. Les miens se font à une trentaine de centimètres des yeux de mon public. Il faut donc savoir encore mieux tricher, leurrer. 

Lorsque vous effectuez vous tours, faites-vous appel à des processus mentaux particuliers chez vos spectateurs ?

Je les associe effectivement à mes tour, je leur explique ce qui va se passer afin de les faire participer et je les fait rire avec des jeux de mots et une gestuelle adaptés aux circonstances. C’est ma manière de les plonger dans une bonne décontraction et de rendre mes spectacles interactifs. La misdirection, c’est-à-dire le détournement de l’attention par la gestuelle, se fait en même temps que le dialogue, elle se fond dedans. J’en fais effectivement, mais pas systématiquement ; je suis plus dans le concret que dans les processus cognitifs. 

Dites-m’en un peu plus sur vos spécialités, à savoir la prestidigitation et plus spécifiquement les tours de cartes…

Il y a un terme spécifique pour ça : la « cartomagie ». À ne pas confondre avec la cartomancie évidemment, qui consiste à lire l’avenir dans les cartes. Il y a une différence essentielle à connaître pour les débutants, à savoir que 90 % des tours de cartes sont mathématiques.

Je vous ai déjà parlé de mes habitudes à manipuler des pièces, des ficelles, des allumettes… Mais je fais aussi des petit tours avec des jetons, des dés à coudre manipulés à bout de doigts, des bagues que j’emprunte à l’assistance…  Par exemple : je les fais disparaître sous les yeux de leur propriétaire, qui les retrouvent cinquante mètres plus loin dans une boîte fermée avec un cadenas. C’est de la téléportation en fait. 

Il y a plusieurs difficultés qui se présentent régulièrement, bien entendu : l’attention du spectateur, la forme et la masse des objets, c’est un tout en fait. Mes mains s’adaptent simplement à leur morphologie. Quand on est manipulateur, un jeu de cartes ne se prête pas, parce qu’elles finissent par s’adapter à vos mains. Sans les miennes, je serais tout nu, je n’existerais pas. [Fou rire en sortant son jeu de cartes d’une poche intérieure de sa veste] Voilà : des Bicycle, les meilleures cartes du monde, quand on sait les manipuler. Tous les magiciens l’utilisent, en principe.  

Quand avez-vous commencé à enseigner la magie ? Quelle est votre méthode ?

C’est vrai : je suis professeur de magie dans toute l’Île-de-France, et ce depuis 40 ans. Soit depuis presque autant de temps que je la pratique, étant donné que j’ai beaucoup appris à l’époque. Je donne des cours à partir de 8 ans, pour que les enfants sachent déjà lire et écrire – le minimum, quand même. Et je donne des cours particuliers comme ça pour tous les âges, en me déplaçant carrément chez les demandeurs, ou au Niagara – un restaurant-spectacle à Courbevoie. J’en fais aussi des collectifs, en me déplaçant dans les écoles, les centres aérés, les mairies ou pour des anniversaires chez les particuliers. J’ai donc deux domaines : professeur de magie et magicien professionnel.

Qu’est-ce qui change le plus entre la magie que vous pratiquez, et enseignez, aux publics d’enfants et d’adultes ?

Je n’apprends pas de tours qui se font avec de l’argent ou des pièces de monnaie aux enfants. Et les tours avec du feu, n’en parlons même pas. Et comme je ne peux clairement pas tout expliquer d’une seule traite en une heure, il y a évidemment certains tours que je ne peux apprendre qu’à ceux qui prennent un forfait de plusieurs séances. Je m’adapte au niveau en face de moi, car je me fais également contacter par des particuliers qui connaissent déjà les manipulations de base et qui veulent se perfectionner

Pour les débutants, ça prend évidemment un peu plus de temps. S’ils apprennent des tours grâce à des chaînes YouTube, celles-ci ne pourront pas les corriger en cas d’erreur. Avoir un professeur avec plusieurs années de bagage derrière lui est d’autant plus primordial pour progresser. 

Il y a malheureusement beaucoup de ces DVD et vidéos YouTube qui font du débinage (explication et décorticage des tours de magie les plus connus, ndlr). Nous, les grands professionnels qui avons beaucoup travaillé avant de pouvoir en vivre, on n’apprécie pas ça du tout. Un grand magicien ne dévoile pas ses secrets. Je me souviens du magicien masqué qui avait débiné pas mal sur TMC – il me semble – ; il a été radié de partout et ne peut plus se produire. Ce qui nous arrange, au moins, c’est que lorsque certains de ces secrets sont appris, ils finissent très souvent par être oubliés au bout d’un certain temps.

Vos fréquentes interventions médiatiques mises à part, comment organisez-vous votre communication ? Qu’est-ce qui motive les particuliers à vous approcher ?

Je suis sur tous les réseaux sociaux : Instagram, Facebook, LinkedIn… Les gens savent qu’ils m’y trouveront à partir du moment où ils connaissent mon pseudo ou mon patronyme. Je suis quand même assez connu, me contacter est assez facile via les principaux réseaux sociaux ou même mon site, Magie et Illusionnistes. « Magie » pour exprimer la généralité, « illusionnistes » au pluriel en référence aux illusionnistes connus comme David Copperfield – que j’ai déjà rencontré – pour faire passer une morale à tous ceux qui me lisent, m’écoutent : ne perdez jamais vos illusions.

Yooneed Yannick

Affiche promotionnelle du réseau social pour entrepreneurs Yooneed, Yannick à l’honneur

Votre sens de l’adaptabilité me laisse penser que vous fonctionnez beaucoup à l’improvisation. Planifiez-vous tout de même vos spectacles d’une quelconque manière, où à tout le moins quel travail préparatoire effectuez-vous ?

Ce n’est vraiment pas très compliqué. Je me renseigne sur la capacité de la salle, sa disposition – comment sont agencées les tables et les chaises –, le nombre de spectateurs et leur âge moyen. Une fois en possession de toutes ces informations, je joue au caméléon et je m’adapte au décor. Mais avec autant d’années de métier derrière moi je ne me laisse pas surprendre ; c’est moi qui surprends les gens. 

Et ce n’est même pas de l’improvisation ! Je suis réglé comme du papier à musique, mais en cas d’une « dérive » quelconque je m’adapte très facilement. Je maîtrise l’imprévu, on va dire.

Ça veut dire que vous n’avez jamais fait d’erreur ?

Oh, certainement pas ! L’erreur est humaine, ça arrive même aux grands professionnels. Mais avec la magie c’est différent : comme on ne dit pas au spectateur ce qui se passe à l’avance, si on se trompe et qu’on fait l’effort de ne pas paniquer, il peut croire que ça fait partie du spectacle. En tant que pros, on peut évidemment faire des erreurs, mais si on maîtrise, le public ne s’en aperçoit pas. 

Bien sûr, il y a aussi des imprévus plus difficiles à rattraper. À l’époque où je faisais de la scène, je représentais un tour avec du feu. Un coup de vent en a propulsé dans les rideaux du théâtre et tout le monde s’est enfui en courant. J’ai aussi fait peur à des gens hors situation de spectacle : je pense à un tour que j’ai fait en terrasse avec des amis, qui consistait à « créer » un billet de 100 dollars, le chiffonner et le faire disparaître dans une grande flamme pour laisser une pièce d’un demi-dollar apparaître à la place. Eh bien les clients qui étaient à côté de nous se sont enfuis morts de trouille, ils m’ont pris pour un sorcier ! [Rires]

Diriez-vous que le secteur de la magie est particulièrement touché par la précarité ? Avez-vous des solutions pour l’atténuer ?

Oh oui, ça arrive un peu. Surtout en ce moment, en pleine période post-Covid, où le spectacle en général a beaucoup de mal à trouver preneur. Mon manager, Éric Le Mignon, directeur du Théâtre and Coach à Montsoult dans le 95, a beaucoup de mal à trouver des salles à tarif raisonnable pour sa troupe. Sur Paris en tout cas c’est quasiment impossible maintenant, il y a trop de spéculateurs. J’en profite pour lancer ce message à tous ceux qui me lisent : si vous avez des salles à nous louer en banlieue parisienne, prenez contact avec moi ou Éric Le Mignon.

J’essaye déjà de donner une forme de soutien aux artistes dans ce sens-là. Je suis cofondateur, avec mon ami Julien Bonche, de la plateforme artistique en ligne Unissons les Arts, où tous les artistes, quel que soit leur profil, peuvent s’inscrire gratuitement. Pour le prix d’un sandwich mensuel, soit une participation de 5€ par mois, vous pouvez également être plus en vue sur le site.

Julien passe ses journées sur ce projet, jusqu’à 2, 3 heures du matin L’idée lui est venue en constatant que certains annuaires artistiques étaient beaucoup trop chers, et que n’importe qui pouvait paraître dessus. De notre côté, on recherchait des artistes viables, et c’est autour de cet enjeu que se base Unissons les Arts. Je ne manque pas d’ailleurs d’en faire la promotion chaque fois que je passe à la radio ou la télé (retrouvez l’interview de Yannick auprès de MonQuotidienTV sur YouTube, ndlr).

logo ULA

Avez-vous toujours des choses à apprendre en magie ?

On en apprend tous les jours, sinon le cercueil ne serait pas loin ! En ce qui me concerne j’évolue encore dans le sens où je m’entraîne encore à de nouvelles manipulations, j’en perfectionne d’autres, je trouve plus d’astuces et de subterfuges, je continue à créer des tours… Et à part ça, je voyage beaucoup mentalement. 

Le fameux tour des « As gangsters » dont je vous ai parlé, je l’ai appris dans les années 1980 de Jacques Tando, un grand magicien et manipulateur de mes amis, et je n’ai fait que le perfectionner depuis. À chaque fois que je le fais, vu qu’il y a une super belle histoire que j’ai construite au fil de mes représentations, qui téléporte encore plus loin dans le rêve. 


Bibliothèque rever.fr : la recommandation de Yannick Huet

grand livre de la magie illu

Afin d’apprendre la magie, Yannick Huet vous recommande de vous pencher sur Le Grand Livre de la magie de Gilles Arthur. En plus de contenir une histoire succincte de la magie, une petite centaine de tours à mettre en pratique en autodidacte y sont décrits.

Mais que cela, comme il vous l’a si bien dit, ne vous dispense pas de vous faire accompagner d’un professionnel qui saura détailler vos axes d’amélioration et pointer vos petites erreurs !

À commander ici.

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