Presque aussi vieille que le monde, la réflexologie s’inscrit de plus en plus comme une pratique thérapeutique complémentaire. Spécialisée dans le développement personnel et la réflexologie faciale, Jessy Camus expose les dessous d’une telle discipline.
Sous ses 4 spécialités (plantaire (pied), palmaire (main), auriculaire (oreille), et faciale), la réflexologie est basée sur la stimulation de « zones réflexes ». Comment fonctionnent et réagissent ces zones ?
JC : « Lorsque l’on agit sur une zone réflexe, on réactive toute l’énergie du corps. En fait, tout est lié de toute façon dans notre corps, du visage jusqu’aux pieds. Le fait de le stimuler grâce à certaines zones permet de remettre toutes les parties à niveau : on parle d’une forme de rééquilibrage. Si tout est bien aligné de nouveau, absolument tout le reste suit. Il faut savoir que chaque zone du visage correspond à une partie du corps ou une articulation et il faut que tout fonctionne chez un patient pour que celui-ci se sente bien. Sur le visage par exemple, on compte environ 500 points différents, certains en symétrie, mais pas tous. Cela demande une certaine précision lorsqu’il s’agit de trouver chacun d’eux. La stimulation va des très douces pressions jusqu’aux actions massage. »
Dans une logique de rééquilibrage du corps, peut-on considérer que la réflexologie est accessible à des patients de tous types et tous âges, ou bien elle peut rencontrer certaines limites ?
JC : « Je la définis toujours comme une méthode agréable et très douce. C’est pour cela que je reçois de tous les âges, à partir de 4 et demi, jusqu’à des personnes retraitées parfois. Il m’est arrivé une fois de faire de la réflexo avec 2 jumelles de 15 mois. En dessous de 4 ans je ne m’interdis pas, si les parents le souhaitent, d’essayer une séance avec leur enfant. Mais c’est quelque chose que je ne facture pas, c’est un service gratuit. En général une séance pour un tout petit ne va pas durer très longtemps. La réflexologie est ouverte à tous types de patients oui, mais il y a quelques contre-indications quand même, notamment pour les femmes enceintes de moins de 3 mois. Il existe des protocoles spécifiques, mais personnellement je refuse catégoriquement d’accorder une séance à une femme dans cette situation. Je préfère ne pas prendre le risque de déclencher une grossesse trop tôt, car cela peut arriver. À l’inverse, il existe aussi certains protocoles qui permettent d’aider à la grossesse. En tous les cas j’accepte d’intervenir avant, après, mais jamais pendant. »
Une discipline axée sur la stimulation du corps suggère différentes réactions. Peut-on parler de différents niveaux de réceptivité à la réflexologie comme avec l’hypnose par exemple ?
JC : « C’est exactement cela. Je le sais aussi d’expérience, le ressenti est très différent d’un patient à l’autre. Aucun ne réagit forcément de la même façon et certains y sont plus sensibles que d’autres c’est un fait. Pour beaucoup, cela va provoquer une forte fatigue, mais une bonne qui va leur permettre de bien dormir et d’avoir un sommeil réparateur : ce qui est donc très bon signe. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il n’est pas vraiment conseillé de faire une séance de réflexo avant d’aller à une soirée par exemple. À l’inverse, il m’est déjà arrivé de voir une patiente sortir de mon cabinet avec un regain d’énergie. Je lui avais donné une pêche d’enfer avec ma séance ! Après, je ne m’arrête jamais à une séance, j’adore prendre des nouvelles de mes patients sur le long terme et les questionner sur leur ressenti. »
Souvent, la réflexologie est représentée comme un ensemble d’actions au niveau plantaire. Qu’est-ce qui change exactement lorsque l’on est spécialisé dans le visage ?
JC : « C’est un peu plus intrusif que la réflexologie plantaire je rentre complètement dans l’intimité de la personne au niveau du visage, donc il est important d’établir un lien avant toute manipulation. Absolument tout est fait pour que les patients réussissent à lâcher prise, c’est-à-dire que je me place toujours derrière-eux et jamais devant. Je ne suis pas en face de leur visage, c’est compliqué de les aider à se détendre en se trouvant en face d’eux. J’explique toujours la façon dont je procède lorsque je commence à agir sur les différentes zones. Je commence à chaque fois par celles du front. Et puis je continue par descendre tout doucement au niveau du nez et de la bouche. Le dernier point de passage se trouve au niveau des oreilles. C’est un indicateur pour mes patients : quand j’approche de cette zone, ils savent que la séance va toucher à sa fin. Pour un adulte, une séance type s’étale sur au moins une heure, dont 30 bonnes minutes de détente et de papouilles comme j’appelle ça. »
Vous avez évoqué l’existence de protocoles spécifiques. Peu importe la situation, un professionnel de la réflexologie doit-il toujours appliquer une même méthode sur un patient ?
JC : « Outre le cas des femmes enceintes, il existe une subtilité pour les patients qui sont sous chimio. Pour eux, le protocole se réalise en 3 fois : Une première phase pour les défenses immunitaires, une seconde pour toutes les problématiques liées à la chimio aux soucis de santé, et une troisième de nouveaux axée sur les défenses immunitaires. Autrement, il n’y a pas véritablement de parcours à suivre lors d’une séance classique et chacun peut user des méthodes qu’il souhaite, cela ne change en rien la stimulation des points. J’ai des confrères et consœurs qui utilisent des outils comme des baguettes métalliques pour masser leurs patients, là où personnellement je préfère tout faire avec les mains et rester tactile. C’est exactement pour cela que dans ce métier-là, je ne considère pas que nous soyons concurrents. Chaque professionnel peut exercer à sa façon en fonction du feeling personnel qu’il a avec chaque patient. J’aime commencer par mettre des mots sur des mots, et je refuse qu’un patient vienne en séance sans m’avoir informé au préalable de ses problématiques. Sur place, j’utilise aussi un certain nombre d’éléments pour les aider à lâcher prise : un plaid pour les couvrir s’ils apprécient la chaleur, des huiles essentielles, et également toutes sortes de musiques. Je m’adapte évidemment beaucoup au cas par cas et je termine toujours par faire un debriefing de la séance en discutant avec le patient. »
Dans la sphère médiatique, on entend parfois des débat à propos des pratiques dites « non-conventionnelles » par rapport à la médecine traditionnelle. Est-ce que la pratique de la réflexologie pourrait se substituer à un diagnostic ou une prescription médicale ?
JC : « La réflexologie n’est pas là pour dispenser un patient de suivre son traitement. Je précise toujours à mes patients que l’on n’arrête jamais un traitement médical lorsque l’on bénéficie de réflexologie. Cela peut être un bon complément et les aider à soulager quelques effets pénibles de leur traitement, mais ce n’est pas pour soigner à proprement parler. Chacun son métier, j’insiste constamment là-dessus ! Avec le temps, je commence à noter des profils assez récurrent qui viennent me voir. Pour les adultes, reviennent souvent les problèmes de stress, de poids, ou même d’insomnie. Pour les adolescents on peut retrouver aussi de l’insomnie notamment liées à l’exposition aux écrans. Mais il y a depuis la crise sanitaire, tout un volet à propos de l’isolement social. Concernant les patients qui viendraient me voir dans l’espoir de guérir une addiction, je n’en fais pas une publicité. Il est possible de manière très assidue sur plusieurs séances de faire des progrès et de diminuer, mais on peut imaginer qu’aller plus loin nécessiterait un suivi presque quotidien : ce qui semblerait délicat financièrement parlant. »